Il n’est pas rare qu’à la suite d’ un divorce, un enfant se retrouve à jongler entre deux styles d’éducation.
Parfois, la différence est raisonnable notamment dans le cas d’un parent plus coulant que l’autre.
L’enfant a le droit de veiller un peu plus tard ou de jouer en rentrant de l’école avant de faire ses devoirs….
Lorsque les différences sont minimes, ce n’est pas grave. L’enfant apprend par là-même à jongler avec la vie, à s’ajuster et comprend que le monde est constitué de différences.
Si les parents communiquent raisonnablement, il est toujours possible de discuter ensemble et tenter de rapprocher les deux modes d’éducation. L’un des parents laisse l’enfant regarder la TV jusqu’à 21h00 tandis que l’autre préconise la lecture jusqu’à la même heure. Ce n’est pas de regarder la TV ou lire qui sera pertinent, mais que l’enfant puisse suivre le même rythme de sommeil chez papa comme chez maman. Le fait d’avoir des activités différentes chez l’un et l’autre est plutôt enrichissant et à conserver !
Si en revanche, les parents appliquent des systèmes d’éducation diamétralement opposés, alors l’enfant va en pâtir.
Il n’est pas rare que cette opposition extrême soit le fait d’un conflit violent, manifeste ou latent, entre les deux parents.
Chaque parent pense « donner une leçon » à l’autre en appliquant ce qui lui semble le plus juste.
Le conflit est au centre et non pas l’enfant. L’enfant devient même l’instrument pour narguer l’autre parent.
L’enfant se retrouve alors à subir deux systèmes différents mais surtout deux rythmes et messages différents.
Alors qu’il n’a pas encore accès à la libre pensée, à l’autonomie, on le met en situation de devoir estimer un système plutôt qu’un autre.
La capacité d’ajustement, du fait de ces différences extrêmes, n’est pas acquise car subit. Son énergie sera plus mise au service de l’adaptation que de l’ajustement.
Au lieu d’apprendre la vie, l’enfant apprend à s’adapter et peut s’épuiser.
De plus, cette éducation opposée induit qu’un parent est plus compétent que l’autre et pourrait donc mériter plus d’amour. Au lieu d’aimer naturellement et de s’identifier à ses deux parents, l’enfant se trouve dans la situation de devoir choisir lequel est le plus valorisant pour lui. Or, je n’ai jamais vu d’enfant préférer la sévérité au laxisme !
L’amour que l’enfant portera alors à son parent ne sera pas basé sur ses compétences de parent mais sur sa capacité à le laisser faire ce qu’il veut.
L’enfant est donc en danger de devenir un électron libre et donc présentera, si la situation dure, des troubles du comportement.
Il faudrait bien sur que les deux parents puissent se parler afin d’ajuster leurs éducations et qu’ils se concentrent sur l’essentiel, l’enfant.
Cependant, si l’enfant est un instrument pour prouver que l’on est mieux que son ex, on est alors aveuglé sur les conséquences sur l’enfant. La leçon à donner est supérieure à la sérénité de l’enfant.
Il est courant de voir un parent culpabiliser de la séparation (d’où la colère) et, de fait, vouloir « gâter » l’enfant en cédant sur des règles ou en appliquant un système qui gratifie l’enfant.
Or, dans ces contextes, on perd de vue, le fait que l’enfant, lorsque ses parents se séparent, a encore plus besoin de voir les anciennes habitudes appliquées. C’est justement ce qu’il lui reste de connu et de rassurant !
Lorsque vous êtes séparés, faites l’effort, même si douloureux, de questionner votre enfant sur son rythme et ses habitudes chez l’autre parent. Evidement, en aucun cas, on ne critiquera devant l’enfant cette autre éducation. En revanche, on ira consulter des amis, un membre de la famille, un psy pour pouvoir discuter de ces deux rythmes.
Il s’agit, ici, de faire l’exercice de l’objectivation afin de dépassionner le débat et offrir à son enfant ce dont il a réellement besoin !
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